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24 mai 2012

soirée espagnole entre amis !

soirée espagnole entre amis !soirée espagnole entre amis !

Un jeudi presque comme les autres, pour lequel Christophe, Fleur, Emily et moi avons accepté l’invitation de Laura et Dominique afin de découvrir les talents de cuisiner de ce dernier ainsi que ses improbables spécialités. Au menu donc, des tapas de poulpe à la gallègue sur lit de gelée de pied de porc maison, un monstre marin nommé Denti sorti tout droit des Dents de la Mer 4, une gigantesque côte de bœuf, un gargantuesque plateau de fromages, un carré de chocolat-caramel signé Fleur et des chocolats pour accompagner les cafés que nous n’aurons pas su manger. Tous les vins sont servis à l’aveugle.

Afin de se réveiller les papilles, nous commençons avec un beau champagne blanc de blanc grand cru 1996 Lenoble dont les arômes évolués, fins et élégants se déclinent sur une belle palette empyreumatique et une bouche agréable, légère, dont les fines bulles apportent une jolie fraîcheur. Une belle bouteille.

Nous partons ensuite en Loire, avec un Montlouis Les Choisilles 2008 François Chidaine, gourmand et riche, avec à mon avis un  travail sur le bois légèrement prononcé. Le nez, peut expressif, reste très agréable avec des agrumes frais et distincts alors que la bouche nous offre une acidité étonnamment faible pour la région. On retrouve en bouche une certaine gourmandise, mais le tout manque peut-être de netteté, de tranchant. Le mariage entre le gras de la gelée de pied de porc et le chenin fonctionne à merveille.

Entre deux allers-retours en cuisine, Dominique nous propose ensuite un Ponte da Boga « P » 2010, Mancia, Ribera Sacra, vinifié par ses soins, dont la simplicité m’aura orienté, dans la lancée de la  Loire, sur un cabernet franc mur auquel il aurait manqué une certaine verdeur selon Christophe. Le vin, bien qu’un peu rustique et peut-être fermé, garde une certaine finesse ainsi qu’une bonne fraîcheur. Il aura fait son office « d’entre deux plats » et nous permets d’attaquer les rouges suivants.

Christophe nous sert ensuite une Hermitage La Chapelle 2004 Jaboulet. Le liquide paraît évolué et les reflets orangé brique ne semblent  plus du premier éclat. La syrah ne « pinote » pas (contrairement à un Chave de 72 de la semaine précédente), mais se présente gourmande, riche et ample. On lui donne tous une quinzaine d’années et Christophe nous confirmera que le millésime 2004 est anormalement évolué pour son âge. La côte de bœuf fond sous la langue et le vin nous apporte les si caractéristiques arômes d’épices chers à la syrah. Il est étonnant de constater qu’on a tous pensé à un vieux Priorat à un moment ou à un autre.

Toujours à l’aveugle, Dominique nous fait découvrir un vin « touché », dont l’acidité volatile et les forts arômes d’acétate le rendent imbuvable. Il s’agissait d’un Château d’Ampuis 2001 Guigal. Petite déception quand même !

On attaque une superbe sélection de fromages, avec appétit, que nous accompagnons galamment d’un sympathique Vin Jaune 1986 Jean  Bourdy, qui évidemment sublime le demi-kilo de vieux comté 36 mois. Arômes caractéristiques, noix et fruits secs, la riche palette de flaveurs oxydatives est nettement dominée par la pomme blette et manque de précision. Une agréable découverte quand même, qui nous fait regretter une fois de plus que les clavelins ne contiennent que 62cl.

A l’heure du dessert, Dominique nous raconte l’incroyable histoire de sa famille, dont le souvenir ne me reste qu’à moitié et dont un membre ferait du vin, en Loire. Joignant le geste à la parole, nous recevons chacun un verre de Montlouis 1955. Tout le reste est inconnu et la bouteille dépouillée d’étiquette. Le vin se passe de commentaires, délicieux, chenin sec riche et gourmand. On aime tous.

Alors que ces dames s’endorment gentiment sur les canapés, nous nous émerveillons des prix (en anciens francs français) des grands crus indiqués dans la magnifique collection de catalogues de vente de la maison Nicolas du milieu du siècle dernier tout en sirotant une Insolite 2010 Thierry Germain. Le nez est précis, net et presque austère. La bouche tendue, fraîche et presque dure. Belle minéralité et un énorme potentiel.

Merci à nos hôtes pour cette magnifique soirée ! A refaire donc. Dès la semaine prochaine évidemment, mais chez Christophe cette fois !

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1 Comment

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    Dominique ROUJOU DE BOUBEE - 5 juin 2012

    Voilà un bien beau récit Barth! D’autant plus si l’on sait que ce soir là tu n’a pris aucunes notes ;-)
    laisse moi apporter quelques précisions si tu le veux bien (et sinon aussi):
    Concernant le CHOISILLES 2008 de FRANÇOIS CHIDAINE, je suis d’accord avec toi pour dire qu’il n’avait pas le tranchant qu’on était en droit d’attendre. Comme le soulignait Christophe, il s’agissait là d’une version très mûre de ce Chenin, évoquant presque les arômes d’un liquoreux (notes d’ananas, de châtaigne, presque de crème brûlée, sans les notes caramélisées), les notes fraîches mais discrètes d’agrumes était sous-jacentes. Et il y avait probablement un peu de sucres résiduelles qui nous « volaient » cette acidité incisive que l’on espérait. Et ce sucre que je n’espérais pas a failli me mettre en l’air l’accord avec la gelée de pied de porc et le poulpe (qui avait bien besoin d’acidité). Je n’ai personnellement pas été gêné par le bois. En théorie, il vinifie dans des demi-muids de 600L que j’imagine de plusieurs usages, donc qui ne devraient que peu marquer (ou pas?).
    Si j’ai toujours du mal à parler objectivement du MENCÍA (pas mancia!) de PONTE DA BOGA compte tenu de mon implication, je ne te dirai qu’une seule chose: Re-goûtons le ensemble dans 2-3 ans et je pense que cette apparente et néanmoins discrète rusticité aura disparu, le vin aura acquis plus de complexité, sans perdre cette fraîcheur qui le caractérise.
    LA CHAPELLE 2004 était un grand vin, effectivement un peu plus évolué que ce que l’on imaginait, mais sans trop trahir la finesse de ce terroir … à la différence du CHÂTEAU D’AMPUIS 2001. Non pas une petite déception, une véritable fraude tu veux dire. On ne peut pas prétendre au sommet et offrir un vin indigne comme cela. MI-NABLE!!
    C’est en ce qui concerne le MONTLOUIS 1955 que tu t’égares un peu. Il faut dire que l’histoire n’était pas facile. Tout d’abord il n’était pas sec, mais bien liquoreux. Mais quelle belle acidité! Il s’agissait d’une bouteille offerte par un cousin, dont une amie est la fille de ceux qui ont produit ce vin. Ces personnes possédaient quelques vignes et élaboraient du vin, mais ne l’ont jamais commercialisés. Il vieillit patiemment dans le même endroit qui l’a vu naître, dans ces caves de tuffeau, sans jamais en avoir bougé, et destiné à quelques célébrations familiales. C’est de manière tout à fait exceptionnelle que mon cousin a réussi à lui acheter un 1955 et un 1947 (bu en une autre occasion, tout à fait délicieux, plus jeune encore que le 55). Voilà. C’est vrai que ça n’était pas simple!

    Un grand merci pour avoir immortalisé cette soirée, dommage que tu nous ai pris en photo (enfin, je parle surtout de Christophe et moi) au lieu du poisson qui était probablement plus spectaculaire que nous même ;-)

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