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24 mai 2012

Verticale de Château Grand Corbin Manuel

Verticale de Château Grand Corbin ManuelVerticale de Château Grand Corbin Manuel

Mi-avril dernier, convié par mon ami Bruno à une dégustation verticale du Château Grand Corbin Manuel qu’il organisait dans un restaurant de Genève, c’est avec regret que je lui annonçais mon désistement. Pris de remords et par peur de passer à côté d’une belle découverte, je débarquais à l’improviste et Bruno m’introduit auprès d’ Yseult de Gaye, directrice générale du domaine et fille de Stéphane de Gaye, propriétaire du château depuis 2005. J’ai eu ensuite droit à une présentation et une dégustation privée en tête à tête avec Yseult, mon emploi du temps ne me permettant malheureusement pas de participer au dîner prévu ensuite.

Avec un peu plus que 7 hectares, le Château Grand Corbin Manuel est en AOC Grand Cru Saint-Émilion et propose un encépagement composé à 80% de Merlot, 15% de Cabernet Franc et 5% de Cabernet Sauvignon pour un âge moyen des vignes d’environ 35 ans. Le terroir se compose principalement d’argiles bleues et se trouve à la limite entre Saint-Émilion et Pomerol.

Un mot encore sur les conditions de dégustations. Les vins, tous carafés depuis quelques heures, étaient légèrement chauds, ce qui fait ressortir évidemment le côté capiteux. La salle du restaurant peu éclairée ayant servi de salle de dégustation, je ne m’attarderai pas sur les couleurs, mon analyse ne pouvant pas être pertinente.

Nous commençons avec Château Grand Corbin Manuel 2004, soit un vin produit par le propriétaire précédent, que Yseult a eu la courtoisie d’apporter quand même. Le nez est expressif, légèrement évolué et se décline sur une élégante gamme d’arômes tertiaires. La bouche est étonnement fraîche, mais manque un peu de matière, de volume. Très agréable dans sa simplicité.

Vinifé par Michel Rolland (jusqu’en 2007), le Château Grand Corbin Manuel 2005 présente une belle couleur rubis, encore jeune, et offre un nez torréfié dont la vanille bourbon prend facilement le dessus sur les fruits noirs mûrs. Une certaine sucrosité est perceptible, mais ne se confirme pas en bouche. Frais, avec une belle matière et des tanins très fins, serrés et intégrés, le vin est tendu, précis et gourmand. Une belle réussite pour un premier millésime.

Le Château Grand Corbin Manuel 2006 nous offre un liquide rouge intense d’une belle brillance, ne montrant aucun signe de fatigue. La palette de flaveurs empyreumatiques est complexe, riche et puissante tout en laissant une place importante aux fruits rouges et noirs mûrs. Les arômes de cassis, pruneaux et groseilles rouges s’alternent avec finesse et élégance. Avec une attaque généreuse et puissante, le vin s’estompe trop rapidement et me laisse un peu sur ma faim. Cette finale « abrupte » reste apparemment caractéristique du millésime 2006 pour les bordeaux en général et nous force donc à attendre quelques années encore avant de poser un jugement définitif.

Le Château Grand Corbin Manuel 2007 reste dans la même lignée que ses prédécesseurs, avec toutefois une torréfaction encore plus prononcée, plus expressive, mais plus élégante aussi, et un nez complètement ouvert. Très séducteur, le vin libère de magnifiques arômes fruités, riches et complexes. La structure tannique me semble plus légère, plus fondue, et très agréable. L’alcool est parfaitement intégré et le tout se présente parfaitement équilibré. Un très beau vin.

Plus léger et plus frais que le précédent, le Château Grand Corbin Manuel 2008, plaît par ses arômes de moka et le cabernet franc, avec son caractère plus végétal, me semble mieux perceptible. Yseult n’est pas d’accord avec moi lorsque j’évoque le poivron vert, mais je le décèle malgré tout. En bouche, les tannins sont très présents, fortement extraits, et annoncent un bon potentiel de garde. D’une belle longueur, le vin s’annonce prometteur, mais me semble un peu fermé pour le moment.

Le Château Grand Corbin Manuel 2009 est peut-être celui qui marie le mieux élégance et puissance, aspects prépondérants chez ses grands frères de la montagne de Saint-Emilion. Toujours gourmand au nez, le fruit rouge est bien présent, soutenu par une agréable sensation capiteuse. On y retrouve un beau toast avec un café bien présent. La bouche est un peu surextraite à mon goût, avec une finale délicatement asséchante. Très bon, mais à oublier en cave pour quelques années encore.

Merci à Bruno pour l’invitation et à Yseult pour son temps et ses explications. Il est vrai que nous ne parlons par principe pas d’argent sur ce blog, mais lorsque j’appris le prix des bouteilles de Château Grand Corbin Manuel sur le marché suisse, j’ai pensé commencer à mettre du vin de Bordeaux dans ma cave.

A quand une visite au domaine ?

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