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14 février 2011

Horizontale de 11 Priorat!

Horizontale de 11 Priorat!Horizontale de 11 Priorat!

Après déjà presque huit mois passés dans le Priorat, il était temps d’organiser une petite dégustation informelle de quelques crus de cette terre catalane. Il n’a manqué que Laurent; invité d’honneur; que la neige a empêché, à deux reprises qui plus est, d’être parmi nous. Rappelez-vous cette vague de froid qui a frappé l’Europe et paralysé les transports aériens en ce mois de décembre 2010. Bref, ça n’aura finalement créé que l’excuse d’une seconde dégustation dont la date approche à grands pas.

Avec Montse Cereceda & Moises Virgili (œnologues), Dominique Roujou de Boubée (consultant vinicole), Franck Massard (sommelier), Miquel Sabaté (ingénieur viticole), Emily & moi, nous nous étions donné rendez-vous à la Vi-zzeria de Falset, ou Paloma & Miquel nous ont accueilli en à bras ouverts.

Pour cette dégustation j’avais choisi 11 vins parmi ceux les plus réputés du Priorat, tous du millésime 2006, sauf un en 2004:

C‘est l’occasion aussi de mieux situer nos vins et de peut-être de mieux les comprendre aussi. Tous les vins ont été mis en carafe plus d’une heure puis dégustés à l’aveugle :

Manyetes 2006 du Clos Mogador.  D’une couleur très intense avec quelques reflets violacés, le liquide est propre, dense et lumineux. Le nez se développe sur des touches vanillées légères, un peu timide et peu expressif. Manque de complexité. En bouche, bien qu’assez courte, les fruits noirs sont bien présents et l’alcool bien équilibré. Bon.

Clos Erasmus 2006. D’un beau rouge foncé intense la robe se décline sur la même gamme de ton. Le nez est problématique, ouvert et d’une bonne intensité, mais de puissantes notes d’acide acétique viennent masquer les arômes de baies des bois mûres sous-jacentes.  En bouche, la trame est bonne, mais les tannins manquent cruellement de finesses et donnent au corps du vin une touche rugueuse qui revient en fin de bouche. Une certaine chaleur se dégage au final due à une certaine sucrosité. A mon avis ce vin est problématique.

Vall Llach 2006. A nouveau d’une couleur intense, les reflets sont lumineux et miroitent en surface. Beau.  Le nez complexe offre un panel aromatique complet, sur les fruits rouges tels que la fraise marat, la groseille, la framboise. Puis viennent les fruits noirs, cassis et mûre surtout. Notons toutefois une touche légèrement alcooleuse. En bouche le vin est long, avec une bonne structure tannique, présente, mais laissant présager quelques années de garde. On retrouve le nez gourmand en bouche. Excellent.

Ermita 2004. Presque noire, la couleur étonne par son intensité. Le nez, fermé, est dominé à par le poivron vert et le cuir puis se décline ensuite sur une élégante torréfaction. Le travail d’élevage est bien maitrisé. La bouche est fraîche, bien équilibrée, mais avec une légère verdeur. Je pense à du Cabernet Sauvignon. C’est un bon vin qui contraste avec les autres par son côté « vif ».

Ferrer/Bobet 2006. D’un beau violet foncé, le vin est dense, riche et semble concentré. Le nez est peu intense, sans précision et légèrement aqueux. En bouche on retrouve des fruits noirs inattendus, un bel équilibre, et un élevage tout en finesse. D’une belle longueur en bouche, ce vin est très plaisant.

Clos les Fites 2006. Belle intensité, couleur rouge-bleu foncée avec à nouveau quelques reflets violacés. Le nez très fruité, très mûr,  est dominé par la crème de cassis de manière flagrante. Un léger déséquilibre alcooleux reste perceptible. En bouche le liquide manque de volupté, même si l’on retrouve les fruits des sous-bois. La fin de bouche paraît un peu squelettique et une astringence quelque peu asséchante se fait sentir. Je pense qu’il va falloir attendre quelques années. Bon.

Clos Mogador 2006. Couleur noire dense, le disque se part de reflets légèrement évolués, mais lumineux.  Le nez est ouvert et complexe avec des notes exotiques peut-être dues à la vanille bourbon qui apparaît par-ci par-là. La bouche est très tannique, extraite, dense et longue. L’alcool est parfaitement intégré. Le vin m’échappe, je ne le comprends pas. Très bon.

Comte Pirenne 2006.  Le liquide est lumineux avec des reflets d’une bonne clarté, toujours dans les rouges foncés, violets. Peut-être moins dense que ses prédécesseurs. Le nez est ouvert, complexe, mais n’est pas assez précis. On y décèle du poivron vert et une gamme d’épices allant du poivre noir à la cannelle avec en surcroît des arômes de torréfaction plaisants. La bouche est sans surprise, fidèle au nez, avec une bonne longueur. Les tannins sont fins et prometteurs et l’alcool bien équilibré. Un bon vin.

Clos Martinet 2006. La robe évoluée contraste avec le centre violet et concentré dans le verre. Le nez est très expressif, gourmand, avec des notes de pâte d’amande. Toutefois, comme sur pour la carafe n° 2, des arômes prenants d’acide acétique sont présents. La bouche est trop courte et les tannins sans finesses. Je pense que ce vin à un défaut.

Huellas 2006. Belle couleur évoluée, le liquide se différencie par sa plus faible intensité, qui reste toutefois remarquable. Encore un peu fermé, le nez est complexe, se déclinant sur une vaste gamme fruitée, noire et rouge, en finesse et avec un élevage en fûts neuf prononcé mais maitrisé.  En bouche les tannins sont fondus harmonieusement et l’équilibré corps-acidité est remarquable. Excellent.

Clos Figueres 2006. Le plus violet des vins de la série. Cette jeunesse apparente se retrouve en bouche avec un fruité très frais et une belle vigueur. Beaucoup de plaisir. L’alcool bien équilibré du nez l’est beaucoup moins en bouche et la finale un peu courte. Bien fait et avec une structure tannique peu agressive, ce vin est très bon.

Arrive ensuite l’heure de vérité pendant laquelle Emily montre les bouteilles et leurs étiquettes numérotées correspondant à celles des bouteilles…

Vient donc l’heure des conclusions. A l’unanimité il est reconnu que le Clos Erasmus 2006 et le Clos Martinet 2006  ont un problème de fabrication, si l’on peut appeler ça comme ça. Je propose un défaut de la bouteille, idée rejetée par les autres dégustateurs qui expliquent avoir rencontré ces mêmes problèmes de manière récurrente pour ces deux vins et sur d’autres millésimes. L’Ermita me semble être le produit d’un marketing intelligent, mais a de la peine à justifier son prix (plus de 500 euros la bouteille).

Dans l’ensemble, une certaine typicité s’est profilée, avec ces vins puissants, généreux, concentrés et extraits dont le pari est de réussir à intégrer le trop-plein d’alcool (grenache) dans un équilibre fruité.

Une mention spéciale pour Vall Llach, Huellas, Ferrer/Bobbet et Comte Pirenne.

La discussion qui a suivi lors du repas a porté principalement sur l’établissement d’un classement rapport qualité/prix dont je vous fais grâce ici. Ce thème fera d’ailleurs le sujet d’un prochain article.

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écrit par | Publié dans: Dégustations et soirées thématiques | Mots clefs:

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