Cet article a été écrit par Patrick
3 jours au Witch de La Haye
Vendredi 24.06.10
Arrivée dans nos merveilleux bungalows disposés à la queue leu leu, parfaits pour échanger des mondanités entre voisins et plus si affinités. Premier pèlerinage (le mot n’est pas galvaudé) chez Van Zuylen ; caverne d’Ali Baba à la Haye ; où l’on regrette de ne pas avoir plus de cash ou une carte bancaire en meilleure santé (ou plutôt non après tout… je me comprends)
Les hostilités commencent le soir même (pas de temps d’adaptation), les premières charcuteries et fromages (superbes) sans oublier les bières exceptionnelles. Les premières bouteilles sortent et les premières tueries arrivent, heureusement nous sommes en forme olympique ! Il faut ça pour tenir. Pèle mêle, je citerai de mémoire:
Je vous laisse d’ailleurs admirer le coffre de ce que devrait avoir un participant au Witch…
Glenfarclas Ultimate 66/10 42.9 % 185 b hogshead. Pâtissier à souhait qui malheureusement va beaucoup souffrir contre un autre Glenfarclas M&H 66/06 45.6 % (270 bouteilles d’un sherry but Cask Strength) Monstrueux ! Sur le sherry bien maîtrisé.
Dans les autres merveilles nous avions un Tamdhu 15 y 43 % 75 cl tout en finesse et en subtilité.
Un Port Ellen RM 20 y 78-98 60.9 % Parfait !
Ensuite on attaque un superbe exemplaire du Glenfiddich over 6 y, version ancienne venant après les Straight Malt, mais qui n’a rien à leur envier. Tout en finesse et en douceur, bel équilibre. Une belle découverte. Finalement un Dimple ancien m’a ravi. Très beau blend sans aucune note de poussières, d’humidité ou de côtés métallique. Il était superbement précis, rond et très épicé… J’oublie volontairement un petit Glen Nevis 12 y 54 %
Maintenant petit tour par les bières, nous avons la chance d’avoir deux spécialistes : François Xavier et Pierrot. Qu’ils soient ici publiquement remerciés pour nous avoir fait découvrir tant de bonnes choses. Je citerais dans l’ordre et le désordre: la bière Blanche de Wissant qui a un beau corps et sans faiblesse, la bière Taras Boulba et la bière Zinne Bir (ces 2 dernières provenant de la brasserie de la Senne à Bruxelles). Bon ce n’est pas tout, mais ce petit résumé nous amènent à 3 h du matin… Donc dodo et à demain pour de nouvelles aventures !
Samedi 25.06.10
On commence par les rituelles courses au supermarché et à l’acquisition de deux vuvuzellas dont les feulements rauques vont émerveiller les occupants des autres bungalows et tant qu’à faire les autres occupants aussi. Après un petit déjeuner réparateur qui nous donne l’occasion de redécouvrir les excellentes confitures concoctées par Gérard et Mme Michelle (un grand merci à vous deux, je transmets le message de mon estomac et de mon foie). Nous nous apprêtons à affronter une rude journée. Vous pensez… une dégustation de Lochside, de sherry et de MOS nous attend. (il faut vraiment être résistant pour accomplir un tel marathon). Deuxième visite chez Van Zuylen et un pillage sans vergogne de ses pauvres stocks. Imaginez une bande de viking rendant « une visite de courtoisie » (si ce n’est en arrivant c’est sûrement en partant !!!) à une pauvre abbaye au bord de la mer et vous aurez un aperçu édulcoré de notre visite. C’est l’occasion de mettre le magasin sens dessus dessous pour découvrir les trésors cachés (Benriach 68 par exemple) que l’on peut trouver dans ce magasin. Oups… cet enthousiasme nous fait presque oublier le rendez-vous chez notre webmaster préféré pour le duel de Lochside.
Celui-ci promet d’être somptueux. En effet, les participants Alain et Philippe ont placé la barre très haute (nous allons voir cela). Juste un mot sur les règles du jeu, il y a deux protagonistes qui choisissent 2 témoins chacun. Le tout arbitré de mains de maître par votre serviteur en qualité de juge et qui est accompagné de ses deux assesseurs en la personne de Gérard et Dennis Klindrup. Qu’ils soient d’ailleurs remerciés pour leur fantastique travail, le tout sous le patronage de M le Baron. Les whiskys sont dégustés à l’aveugle et les samples sont dans un ordre aléatoire. Chaque protagoniste note les whiskys et la meilleure bouteille de la journée donnera la victoire à son propriétaire ! (N.B: un peu compliqué tout cela…)
1ère Lochside 11/63-03/10 46 y 46.6 % (71 bouteilles refill sherry cask, 1st Cask 5ème anniversary) apportée par Gaxmalt31, une superbe manière de fêter son anniversaire. Avec les félicitations du jury !
2ème Lochside 10/87-12/08 62.3 % (213 bouteilles, Cask 20622, hogshead SSMC)
3ème Lochside 79-11/01 21 y 50 % Sestante Silent Still simple barrel
4ème Lochside 11/66-06/07 40 y 47.3 % (114 bouteilles, Cask 7535, sherry hogshead Signatory)
5ème Lochside 66 40 % Spirit of Scotland
6ème Lochside 10/87-11/08 21 y 59.8 % (180 bouteilles Dewar’s Rattrey, Cask 20621)
Il est surprenant de voir que la n° 2 et la n° 6 sont des sister cask (il s’agit de whiskys distillés le même jour et mis dans des tonneaux dont le numéro se suivent). On mesure l’abyme qu’il y a entre des whiskys produits en même temps. Après une deuxième razzia chez Van Zuylen il est plus que temps de retourner au cantonnement et de commencer la dégustation de sherry.
Dégustation des sherry organisée à l’initiative de Gérard et d’Alain. Merci à vous deux. Ces derniers, vous seront présentés et commentés dans leur ordre d’apparition: du plus sec au plus liquoreux.
1) Sherry Solera Reserva Fino Jarana de Lustau. Clair, goudron, fin, sec, viandé, court.
2) Sherry Solera Reserva Rare Amontillado Escuadrilla de Lustau. Crème nougat, fin, sec, court.
3) Sherry Rich Oloroso 1990 de Lustau. Vieilli durant 17 ans dans des fûts de chêne américain fruité. Sec, café, humus, floral. Mon second favori
4) Sherry Solera Reserva Cream. Liqueur de sherry, pruneaux
5) Sherry Solera Reserva Emilin Moscatel de Lustau. Réglisse, camphré, citron, fruité, chocolat. Superbe, » mon préféré », très flatteur
6) Sherry Solery Reserva Pedro Ximenez San Emilio de Lustau. Cassis, café, prunelle, raisin de Corinthe, café. Mon troisième choix même s’il est un peu écoeurant dû à sa richesse.
Très belle dégustation qui nous a permis de découvrir plein de bonnes choses.
On arrive au délicieux barbecue, une spécialité bien ancrée dans le witch. En entrée nous avons du melon, du jambon, des salades diverses puis la fameuse viande macérée dans du Laphroaig ! C’est parfait (on pourrait juste reprocher que le Laphroaig qui est un peu fort, masque le goût de la viande) durant le repas nous ouvrons un florilège de bouteilles dont par exemple un Prieuré de Saint-Jean de Bébian en 1999 parfait, tout en finesse, en pleine forme. Potentiel de garde de 5 ans minimum. Le Septième 2006 de Mas Bruigière (Pic St Loup) très bon. Un Colioure cuvée 2005 d’Adrien Herre (5’000 bouteilles) intéressant, mais à mon goût trop marqué par le bois. A laisser vieillir. Un magnum de Château de Beaucastel 1995. Bon, mais à boire ! On notera des premières touches de madération…
et pour finir le délicieux Morgon de Régis de Caves du Bécon à Courbevois. Tout était parfait, mais ceci n’était qu’une mise en bouche pour la suite qui allait se révéler tout simplement grandiose (le mot n’est pas galvaudé et un délicat euphémisme)
Il est temps de lancer la dégustation des MOS qui devra se faire à un rythme un peu soutenu:
1) Glencadam 85 53.8 % Cask 3930 bourbon hogshead 66 bouteilles embouteillé pour le witch 2010 pâtissier au nez, gourmand, poivre, crémeux, long et pâtissier en bouche, long en finale. Bon
2) Westport 00 62 % Cask 800105 sherry butt 66 bouteilles embouteillées pour le witch 2010 très épicé, pas très expressif au nez. La bouche est dans la même ligue, la finale est courte et marquée par l’alcool. C’est un bon whisky qui nécessite du temps pour s’exprimer. Pas mon favori…
3) Clynelish 82-10 48.7 % Cask 5894 bourbon hogshead 229 bouteilles. Minéral et propre. Cela s’approche des vieux Clynelish mais il manque tout le reste… on reste sur notre faim.
4) Glen Ord 99-10 54.5 % Cask 31212 bourbon hogshead 289 bouteilles. Complètement passé à côté…
5) Glencadam 74-10 48.9 % Cask 3214 sherry butt 216 bouteilles. Fumée, pâtissier, très bel équilibre. La réussite de la série ! Plus équilibré que le 85. Le temps supplémentaire en fût lui à fait du bien. Magnifique. A acheter.
6) Ballindaloch 00-10 59.2 % Cask 5408 sherry but 670 bouteilles. Déséquilibré par l’alcool, pas bon. A éviter
7) Glen Spey 77-10 55.8 % Cask 3656 bourbon hogshead. Même remarque que pour le Ballindaloch
Port Charlotte 01-10 60.6 % Zinfandel hogshead Cask 969 212 bouteilles. Déjà dégusté à Limburg. Toujours aussi bon, c’est précis, affûté, sur des notes de fumée et de tourbe avec des fruits rouges en arrière-goûts. Mon favori (mais je dois reconnaître que je ne suis pas tout à fait objectif).
Ce qui va suivre dépasse l’entendement. C’est un trésor après l’autre que les participants ont amené. La dégustation ira jusqu’à 6 h du matin pour certains (j’en ai fait partie et je l’ai payé le lendemain). Nous retiendrons les expressions suivantes: Benriach 77, Longmorn 25 y Bicentenary pour le personnel, un Tomatin 40 y 63-03 DL Platinum, un Milton Duff James MacArthur 27 y 500 y anniversaire
un Dailuaine Glenlivet 21 y 66-97 de Cadenhead et un Glengoyne 27 y 69-96 62.9 % (!!!) du même embouteilleur et de la même époque, un superbe Macallan 12 y HKDF (Hong-Kong Duty Free) l’archétype du Macallan qui à fait la légende de Macallan, un Laphroaig 53.1 % 89-10 Perfect Dram sur le jus d’huître au nez ! Une bouche longue et médicinale avec une finale sur le fruit mûr, et toutes les autres bouteilles que j’ai probablement oubliées…
Dimanche 26.06.2010
Après un réveil des plus rude (ah… on fait moins le malin le lendemain) un grand merci à Marcel pour les crêpes qui ont sauvé plus d’un « forumeur », c’est le grand jour, je vous avoue avoir eu un début difficile, mais vers 14h la visite du stand des vieux blend va me requinquer et me refaire une santé grâce à un exceptionnel Famous Grouse over 6 years emporté par Orlando Giovinetti Junior et un Ancestor’s de Dewar’s. Deux blends d’anthologie à chaudement recommander dans toutes collections ! C’est épicé, fruité, rond et délicat. Pas faiblard pour un sou, c’est équilibré et long en finale sur l’épice.
Après cette entrée en matière des verres se tendent et je découvre un Convalmore DT et Glenlassaugh 26 y OB.
Après m’être rassasié je me lance a l’assaut du witch et de ses trésors je commence par le stand de Jean Boyer qui, entre autres délices nous propose un magnifique Bowmore 2001 embouteillé en 2010, un Glen Grant 2002 embouteillé en 2010 qui est pâtissier, très pur et affûté. Je suis passé à côté du Bunnahabhain 2001 embouteillé en 2010 que j’ai trouvé manquant de corps et d’expression.
On m’a fait goûté un Aultmore 13 y Chieftain’s très élégant avec une tourbe délicate et un bel équilibre. J’ai aussi aimé le Milton Duff 22 y 82-10 the Nectar’s sur l’artichaut et la crème. Après cela et grâce à une prompte intervention de mon ami Xavier, j’ai pu encore goûté le Glendronach 72 Cask 718 sherry butt sur le pamplemousse. Fabuleux ! Le Glendronach 71 était dans la même ligne, mais moins précis et complexe.
J’ai encore pu goûter le Benriach 81 Cask 2589 qui m’a beaucoup séduit par son équilibre. J’ai senti aussi la bouteille de Benriach 79 qui était malheureusement vide ! Je suis triste, car celle-ci avait toutes les apparences d’une tuerie !
J’ai encore eu le temps de déguster un Springbank 16 y 50 % DLOMC 94/08. Très maritime, huileux et superbe. Autre bonne surprise; merci Hans Offringa; j’ai pu constater que certains bourbons peuvent avoir un nez et une bouche de whisky à des années lumières de ce que l’on a l’habitude de boire… Il s’agit du Jefferson’s small batch à 41.1 % très belle balance, rond, plaisant et précis. Le very old est moins bien équilibré.
Une mention spéciale au Belgian Single Malt qui ne cesse de m’impressionner. C’est bon même si c’est jeune. Très prometteur…
Par contre, on peut éviter l’embouteillage d’Arran pour leur 15 ans. C’est déséquilibré, marqué par des notes pas très bien intégrées. Il est temps de rentrer au camp et de préparer le retour du lendemain. Cela ne nous a pas empêchés de déguster une superbe bière américaine apportée par Pierrot. Nos amis toulousains nous ont régalé avec de la charcuterie (je leur laisse le soin de nous donner les détails) en tout cas c’était succulent. Après quelques bières apportées par le même Pierrot, il est temps de fabriquer le Glen Witch (mélange savamment dosé des fonds de bouteilles de whisky) pour éviter tout accident. Alain a pris un petit tonneau: la composition fruit de savants calculs, de palabres interminables, de savants dosages et de traits de génie… ce qui a valu à André le titre envié de 1er assistant du Master Experimental Blender pour son idée géniale du morceau de munster fermier dans la bouteille (trade-mark). (attention toutefois de ne pas le laisser trop longtemps, car le verre pourrait fondre). J’ai aussi le plaisir de vous annoncer la nomination de mon second assistant du Master Experimental Blender pour sa caution scientifique et son sens aigu de l’assemblage, son sens inné de la proportion en la personne d’ Alain.
Le lendemain après de nombreuses effusions, de crises de nerfs (pour remplir les coffres des voitures) et des scènes de déchirement insoutenables, nous prenons congé les uns des autres.
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