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30 juin 2013

Grande dégustation du Domaine de la Romanée-Conti à Dijon

Grande dégustation du Domaine de la Romanée-Conti à DijonGrande dégustation du Domaine de la Romanée-Conti à Dijon

Nous nous retrouvons à la Dame d’Aquitaine à Dijon pour une magnifique journée autour des vins de la Romanée Conti. Le restaurant est mis exceptionnellement à notre entière disposition durant la journée. Nous voici donc, douze amateurs de vins unis par une et même passion, le partage et l’amour du vin. Les participants ont dans la mesure du possible apportés une ou plusieurs bouteilles. Les deux organisateurs, Sébastien et Benoît s’occupent de la mise en place et commencent les photos de la soirée. L’alignement des bouteilles sur la grande table est très impressionnant et l’assemblée se réjouit d’attaquer ce moment rare dans la vie d’un amateur de vin : la dégustation de 23 bouteilles vinifiées et produites par la Romanée Conti !

Comme indiqué ci-dessus, nous sommes à Dijon chez Sabine et Laurent qui nous font l’honneur de nous recevoir. La bonne humeur de Sabine nous suivra durant tout le repas et Laurent aura la lourde tâche de satisfaire ces 12 fins gourmets avec d’ailleurs beaucoup de réussite.

La dégustation ne sera pas à l’aveugle et les bouteilles seront même annoncées par Sabine. Les plats servis auront été pensés et réalisés selon les bouteilles sélectionnées.

On commence vers 11h30 avec une verticale d’Echezeaux de la Romanée Conti. Sept millésimes sont au programme dont la grande majorité de millésimes jeunes. Le jour et même l’heure ont été choisis pour que la dégustation soit en jour fleur ! Rien n’est laissé au hasard.

Echezeaux 1989 DRC

Millésime chaud. La robe est trouble et la couleur évoluée. Après un tour de table, il semblerait que beaucoup de vins sont troubles dans ce millésime. Le nez a des parfums de café, de cerise et de gibier (voir même venaison). La bouche garde les arômes de cerise et de kirsch. Par contre, la structure est diluée et le vin fait plus vieux qu’il n’y paraît. Il n’est pas déplaisant, mais de loin pas au niveau de ce qu’on aurait pu en attendre. D’ailleurs, le vin s’écroule après quelques minutes dans le verre. Je pense qu’il peut s’agir d’un problème de conservation puisque la bouteille provient d’une vente aux enchères (prestigieuse dans ce cas, mais cela n’est malheureusement pas/plus une garantie).

Echezeaux 2003 DRC

Un vin qui divisera les participants. Nez de moka, d’épices et encore de gibier (ce qui sera d’ailleurs le cas pour la plupart des Echezeaux de cette série avec plus ou moins d’intensité). La bouche est puissante avec une légère pointe de réduction. On retrouve les arômes d’épices et de gibier. Il est par contre fruité et s’améliorera nettement avec le temps. Le meilleur de la série pour quelques participants.

Echezeaux 2005 DRC

Un millésime exceptionnel, mais qui peine encore à se dévoiler. Nez discret avec toujours cette pointe de gibier. La bouche est tannique, serrée et austère. Les tannins sont asséchants et le vin un peu triste au stade actuel. Après quelques heures d’ouverture, on sent que le vin s’ouvre et qu’il commence enfin à dévoiler son potentiel.

Echezeaux 2006 DRC

Un très beau nez sur le moka et le gibier. La bouche est plaisante, ample avec des tannins souples. Il se boit facilement et comme dirait un participant espiègle : on s’en lèche les Sabine ! En référence bien évidemment à notre hôte d’un soir. La bonne humeur est de mise !

Echezeaux 2007 DRC

Toujours ce nez qui part sur des notes de gibier et d’épices. On sent pour la première fois une légère présence de bois ce qui doit probablement être dû à la légèreté de ce millésime.

Echezeaux 2008 DRC

Nez de gibier et de griotte. La bouche est subtile, fruitée et minérale. Le bois est parfaitement intégré et la trame de ce vin est droite et précise.

Echezeaux 2009 DRC

Pour la première fois dans la série, on ne sent pas de venaison ou de gibier. On retrouve par contre les épices et une touche de fruits rouges. La bouche est gourmande, fruitée et le bois neuf est parfaitement intégré. On sent d’ailleurs la grande qualité des fûts et des raisins qui fait qu’à part sur le millésime 2007 nous n’avons jamais senti la présence du bois neuf. Après 6 heures d’ouverture, le vin est magnifique et sera sûrement dans quelques années une bouteille d’exception.

Les millésimes jeunes avaient été privilégiés dans cette série. On peut toujours débattre sur le fait de ne pas avoir eu un ou deux millésimes plus anciens supplémentaires, mais le plus important était de se rendre compte du style et de la qualité des Echezeaux du Domaine.

Il serait intéressant de comprendre pourquoi la plupart des vins avaient — avec des intensités certes différentes – des notes de gibier ou même de venaison. Les verres ont été changés à chaque nouveau millésime et n’ont finalement pas eu d’influence. Est-ce donc une marque récente des millésimes de la Romanée Conti sur les Echezeaux Grand Cru ?

Après avoir rencontré Aubert de Villaine lors d’une soirée à Genève, nous avons eu l’occasion de discuter et il était le premier surpris, car justement le Domaine essaie de faire des vins sur le fruit et éviterai ses notes de gibier.

On continue avec une pause bienvenue et quelques champagnes pour rafraîchir le palais ainsi que des amuses bouches.

Champagne Dom Pérignon rosé vintage 1985

Le champagne est accompagné d’une salade de ris de veau. Nez exceptionnel et étonnant avec ses arômes de pâtisserie et plus précisément de Paris-Brest. La bouche reste sur le même registre et on retrouve ce Paris-Brest qui pour ma part commence à être écœurant à la longue. Les bulles sont élégantes et nullement agressives. Le verre se boit facilement et laisse un souvenir très positif.

Champagne Krug vintage 1989

Accompagné de gambas justes grillées. Difficile d’arriver après le Dom Pérignon rosé, mais attention, car la finesse des bulles et la grande élégance de cette bouteille nous emportent dans un autre monde. Arômes de pommes et de poires, un vin technique et d’une très grande pureté. Excellent.

Magnum de Champagne Henriot brut 1949

On finit les amuses bouches par une roulade de saumon fumé. Nez de pomme verte. La bouche est encore une fois superbe et termine cette triplette d’exception. Les bulles sont élégantes, fines et d’une grande pureté. Nous sommes sur un champagne pur et d’une grande sérénité que le temps n’aura qu’amélioré.

Après cette pause, nous attaquons le début du repas avec les vins blancs qui accompagnent un tartare de Saint Jacques à l’huile de truffe, copeaux de parmesan et mesclun.

Bourgogne Hautes-Côtes de Nuits Blanc 2009 mis en bouteille par DRC

Ce vin produit par la DRC est vendu uniquement à quelques magasins sur Paris. Le produit de ce vin est redonné à l’association de restauration du Monastère de St Vivant. Belle initiative et il faut le souligner. Nez lactique et pétrolé. En bouche le vin est peu complexe et trop linéaire. Un vin malgré tout honnête.

Montachet 2001 DRC

Nez d’agrumes qui allie puissance et finesse à la fois. La bouche est minérale, pure et ciselée. On retrouve ces arômes d’agrumes et surtout de citron. Beaucoup de longueur dans ce vin d’une richesse incroyable et qui envoûtera toute l’assemblée.

Avec les deux vins suivants, on nous sert du Foie gras de canard poêlé aux légumes oubliés.

Corton 2009 DRC

1er millésime de cette nouvelle cuvée ! Nez de griotte. La bouche est honnête avec un joli fruité et des arômes de truffe noire. Malgré un côté dur et une acidité présente (mais non agressive), le vin se tient et se goûte bien.

Vosne-Romanée 1er cru cuvée Duvault-Blochet 2002 DRC

Une cuvée produite à partir des jeunes vignes des Grands Crus (sauf erreur des Echezeaux, Grands-Echezeaux, Romanée St Vivant et du Richebourg). On retrouve au nez des arômes de gibier, de poivre et d’épices. Le vin est fruité, concentré, mais manque peut-être d’une certaine manière… d’âme. Heureusement, le mariage entre le foie gras poêlé et le côté poivré et de fruits noirs du vin est magique.

Les deux vins suivants sont servis sans plats.

La Tâche 1961 DRC

Un des niveaux les plus bas de la soirée (- 5cm). La couleur est plus trouble que la Romanée Conti. Le nez est beau avec des notes salines, de fraises et de venaison noble. La bouche est superbe avec de l’amplitude, des tannins soyeux et une très grande finesse. Des notes iodées et de torréfaction nous envoûtent en rétro-olfaction.

Romanée-Conti 1961 DRC

Le nez est plus discret et moins expressif que la tâche. Après une ouverture prolongée, des notes iodées, minérales et d’épices apparaissent. En bouche, le vin s’exprime totalement avec une grande pureté et beaucoup de minéralité. Le vin est étroit est très long avec des notes iodées et de torréfaction. On ne se lasse pas de cette finesse et de cette pureté extrême. Une expérience inoubliable.

 

Suite à ces deux grands vins, on nous sert une barrette de thon mi cuit, crumble de chorizo et grué de cacao qui accompagnera les deux vins suivants.

Romanée Saint-Vivant 2004 DRC

Nez de torréfaction et de fruits rouges. La bouche est superbe, concentrée et d’une grande subtilité. Il ne souffre pas autant qu’on aurait pu le penser de la comparaison avec les deux bouteilles de 1961. Nous sommes face à un vin romantique et fruité, agrémenté de notes de torréfaction et de fruits rouges.

Grands Echezeaux 1997 DRC

Nez de poussière et relativement discret. La bouche change de registre avec un côté gourmand et sirupeux. Le vin est large et d’un bel équilibre.

Les trois vins suivants sont accompagnés d’une déclinaison de porcelet. La côte en juste température, le carré confit et le pied en cromesquis.

Richebourg 1942 DRC

Une bouteille qui fait polémique, puisque l’étiquette n’est pas authentifiée par le Domaine et les divers experts qui se sont penchés sur le sujet pensent à un faux. La question qu’on peut sérieusement se poser et est de savoir s’il fallait mettre cette bouteille dans une dégustation entre amateurs éclairés afin d’éviter toute polémique.  Comme finalement la bouteille a été ouverte (évidemment, il  n’y avait aucune personne suffisamment qualifiée dans l’assemblée, ce soir-là, pour certifier l’authenticité d’un vin de la DRC ou d’un autre Richebourg de 1942… sauf peut-être son propriétaire…) elle sera commentée, mais avec bien évidemment une certaine réserve !

Couleur trouble, Nez de torréfaction et de fraise. La bouche est magnifique avec toujours cette note de fraise. Le vin est délicat et encore bien en place. Il est vrai que le vin ne détonne pas lors de la dégustation des trois Richebourg et garde un style relativement proche. Le mystère restera entier !

Richebourg 1953 DRC

La couleur du vin est nette et lumineuse. Le nez nous envoûte avec des notes de chocolat malheureusement gâché par du vernis à ongles dans un second temps. En bouche, le vin est puissant avec des notes de fumé et de torréfaction. Certains participants pensent que le vin est finalement touché par le TCA. Je dois avouer que je ne l’ai pas ressenti…

Richebourg 1975 DRC

Nez de torréfaction et de chocolat. La bouche est la plus fine des trois Richebourg et le vin démontre de la longueur et de superbes arômes de chocolat et de café. Le vin reste fidèle à ce millésime difficile et on retrouve les éléments de souplesse et de finesse typique pour ceux qui avaient soigneusement vinifié cette année-là.

La série des vins suivants est mise en accord avec une crépinette de queue de bœuf et joue de bœuf, purée de rattes.

La Tâche 1997 DRC

Nez d’une grande fraicheur avec des senteurs de menthol et de gibier. La bouche est maitrisée avec beaucoup de finesse, de suavité et d’élégance.  Des notes fumées et de fruits rouges sont présents au final. On retrouve d’ailleurs une gourmandise déjà relevée dans le Grands Echezeaux de la même année.

La Tâche 1974 DRC

Couleur claire. Nez de torréfaction et de champignons. La bouche est souple et légère avec toujours cette dominance de champignons. Un vin qui a plutôt bien survécu aux années.

La Tâche 2007 DRC

Une bouteille ouverte par erreur et qui devait rester au chaud (ou au froid dans ce cas-là…). Le vin est beaucoup trop jeune et mériterait encore de belles années en cave avant de finir dans un verre. De plus, les papilles commencent à être fatiguées et ne sont plus aussi réceptives. Nez de moka et de cheval de course.  La bouche est fermée et de timides arômes de torréfaction et de fruits rouges font finalement leur apparition dans le verre.

La fin du repas approche avec un magnifique plateau de fromages et un assortiment de sorbets poire Williams, pêche de vigne, yuzu et mirabelle.

Bourgogne Grand Ordinaire rosé 2006 Bernard Van Berg

Un vin atypique et réalisé par un vigneron original. Travail en vigne stricte et respectueuse des vignes et du sol. Il faut aller voir son site ou les vignes sur place pour s’en rendre compte. 29 bouteilles produites pour cette cuvée pour un résultat étonnant. Un style oxydatif qui me fait plus rappeler un blanc du Casot des Maillolles de la région de Banyuls que d’un vin sous voile du Jura. C’est particulier.

Magnum de Champagne Red-Top 1920-1930 Heidseck

Un champagne au goût américain. Je me souviens d’une bouteille ouverte lors d’une soirée en Bourgogne et nous avions été surpris de la qualité de ce champagne. Nez de café. Les bulles sont fines et délicates. Malgré une évolution évidente, il est plaisant et d’une belle amplitude. On retrouve des arômes de café. La transition est bienvenue pour rafraîchir des papilles relativement fatiguées.

Château Suduiraut 1928

Toujours intéressant de goûter ces vieux sauternes. Nez complexe de chocolat, de caramel, de fruits confits et d’abricot. La bouche est superbe et vive. L’élégance et la finesse sont de mises dans ce très grand liquoreux. On retrouve les arômes du nez en rétro-olfaction.

Marc de Bourgogne 1991 DRC

Le nez est fruité et plaisant. La bouche est certes d’une belle qualité pour un Marc, mais on retrouve cette brutalité et ce côté chaud relativement typique.

Fine de Bourgogne 1993 DRC

Contrairement à la rudesse du Marc, la Fine est d’une grande pureté et d’une finesse remarquable. Les arômes sont complexes et aucune chaleur ne vient affecter les papilles.

Fin de ce marathon qui aura tenu toutes ces promesses. En résumé le Montrachet 2001 a été d’un très grand niveau une fois de plus. Les vins de 1961 et 1997 n’ont pas manqués leurs rendez-vous chacun dans leur style et leurs capacités. Les Richebourgs ont été d’un beau niveau, mais un léger TCA et une étiquette douteuse auront malheureusement terni cette série. Une belle surprise avec la Saint-Vivant 2004 qui suivait les deux monstres de la soirée. Pour finir, les quatre champagnes et les liquoreux auront été parfaitement au niveau.

Un grand merci à tous les organisateurs, les serveurs, les cuisiniers, les restaurateurs, les participants et aussi aux vignerons qui nous ont permis cette grande soirée.

Nous tenons à préciser que toutes les bouteilles ont été cassées (sauf une personne qui est repartie malheureusement avec ses bouteilles vides) et que les étiquettes seront mises dans un tableau souvenir pour les participants. Merci aux personnes qui ont joué le jeu et respecté la demande des organisateurs.

Pour finir un grand merci à Sébastien M pour cette journée magique.

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écrit par | Publié dans: Dégustations et soirées thématiques, Soirées "les Tueries" | Mots clefs: , , ,

2 Comments

  • overlay5

    LUDO - 3 décembre 2013

    fichtre quelle dégustation.
    Petit passionné des vins de Bourgogne que je suis et Dijonnais de surcroît, je vous envie. J’aurais bien aimé en être ce jour là…

  • overlay5

    messager - 11 juillet 2013

    ce compte rendu est parfait , et les souvenirs encore bien présents…. merci à toi Laurent pour le CR !
    seb

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