Cet article a été écrit par Barth
Semaine avec des bouteilles de vins naturels
Qu’est-ce qu’on entend exactement par “vins naturels”? Je prédis déjà que ça fera l’objet d’un article à part incessamment sous peu. Mais en attendant et pour les plus pressés, voici le link qui explique de manière assez claire et complète ce qui est pour l’heure une définition communément acceptée : http://en.wikipedia.org/wiki/Natural_wine (je préfère l’article anglais au français qui propose une liste de pratique presque exhaustive).
Donc, la semaine dernière, accompagné de quelques cousins venus de Londres et d’amis de Catalogne, nous avons eu le plaisir de déguster les quelques bouteilles sur le toit de notre nouvelle demeure.
Julia Bernet, 2010, Brut Nature, DO Cava composée de 90% de Xarello et de 10% de Chardonnay. Une jolie couleur claire, à mi-chemin entre l’argenté et le doré, avec toutefois encore quelques reflets tirant sur les verts, témoigne d’une jeunesse pas encore déchue. Des bulles très présentes, presque trop, qui masquent les discrets arômes d’agrumes. Une fois la première ébullition passée, j’apprécie en bouche une certaine fraîcheur, avec une acidité intégrée et une longueur respectable. Une jolie bouteille même si un peu simple.
Nous ouvrons ensuite, pour continuer l’apéro sur le toit de notre nouvelle maison une bouteille de Clot de Les Soleres, Carles Mora Ferrer, 2011, DO Penedès, 100% Macabeu. Première cuvée sans souffre pour cette petite bodega qui n’a produit que 5000 bt pour cet essai initial. Non filtré, le vin d’une bonne brillance et d’un pâle jaune clair acide, présente quelques particules en suspension qui ne gênent en rien la dégustation. Le nez est frais, sur des notes florales et herbacées agréables, sans aucune réduction perceptible. Je me permets de le noter, car il est en effet rare qu’un vin sans soufre n’ait absolument pas besoin d’une légère aération de quelques minutes avant dégustation. La bouche fidèle, continue tout en fraîcheur et me rappellent certains chenins blancs tendus et précis de la Loire. La fin de bouche est gourmande, longue. On en redemande.
La prochaine bouteille me tient à cœur, elle est produite par un ami, Laureano Serres, président de l’association des vins naturels en Espagne, il s’agit de Finca Espartal, 2011, Vi roig de taula (vin rouge de table) issu de différents cépages de la terra alta (grenache noire, carignan etc…). Si ma mémoire est bonne, le coupage change chaque année. Produit dans l’idée d’un « laisser-faire » total, le vin est super résistant (changement de température, transport, etc…) un peu comme si les conditions extrêmes de sa naissance l’avaient conditionné pour les épreuves de sa vie future. Solide donc, le nez laisse apparaître une touche de volatile et développe une riche palette aromatique de fruits rouges tels que la fraise, la prune et le pruneau. En bouche, le vin peut-être perlant, mais ce n’est pas le cas aujourd’hui. Assez paradoxalement, il y a beaucoup de volume, mais la matière tannique est complètement fondue, souple, presque inexistante. Simple et bon.
Encore une bouteille produit par un producteur que j’apprécie particulièrement, Nas del Gegant, 2010, Bodega Escoda, DO Conca de Barbera. Le nom (nez du géant) vient de la forme de la montagne au pied de laquelle poussent les vignes. Il s’agit d’un mélange de différents cépages (pinot noir, merlot, tempranillo, grenache) dont la recette exacte est à peu près inconnue. Le millésime 2010 est le premier pour ce vin qui dès 2011 sera composé exclusivement de tempranillo (pas encore embouteillé). D’une belle densité, le liquide rouge d’andrinople présente déjà des signes d’évolutions avec ses reflets qui tirent sur le brique. Au nez je reconnais immédiatement le pinot noir, ce qui m’étonne vu le coupage. Complexe et très fin, j’apprécie l’élégance des arômes qui se déclinent déjà sur des notes secondaires, voire tertiaires. La bouche est fine au début, presque suave et délicate, avant de disparaître lentement et en finesse sur une délicieuse déclinaison de fruits noirs mûrs. Excellent.
Avec Miquel, nous terminons la soirée avec un Mâcon Cruzille, « Manganite », 2009, Clos des Vignes du Maynes, produit par Julien Guillot. Après avoir découvert son bourgogne générique 2008 avec Laurent et Ludo il y a presque deux ans, j’avais acheté une caisse de sa tête de cuvée à Julien lors d’une foire du vin ici à Barcelone. Le liquide est rouge vermeil, encore jeune, dense et opaque au centre du verre. Le nez est discret, peu expressif, mais très élégant. Certainement fermé pour l’heure, il reste très prometteur. La bouche est fine et délicate, quoiqu’aussi « fermée ». Le fruit est mûr, la bouche longue, la structure tannique discrète, mais présente et l’acidité équilibrée. Très bonne bouteille à suivre dans 3 ans.
Bref, des semaines comme on les aime !
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