Cet article a été écrit par Barth
La Bataille du vin et de l’Amour, Alice Feiring
Avec comme sous-titre « Comment j’ai sauvé le monde de la parkérisation », Alice Feiring nous propose d’emblée tout un programme, manichéen certes, dans lequel le trop célèbre critique américain de Monkton, Maryland, est l’homme à abattre. Sur un ton bon enfant et en s’excusant d’avance auprès de M. Parker, elle s’interroge au grès de ses aventures européennes sur le sens à donner au mot tradition, qui selon elle ne caractérise plus beaucoup de vin. Fervente partisane des vins « natures », biologiques et/ou biodynamiques, l’auteur nous explique que tradition, dans sa terminologie propre, devrait être synonyme d’ « authentique » et que rares sont les producteurs qui produisent les bouteilles qu’elle affectionne tant. A travers une série d’historiettes organisées en une dizaine de chapitres, le lecteur est baladé entre le Piémont italien à la recherche d’un producteur de Barolo douteux, de l’apparemment si tristement entretenu Clos du Mesnil de Krug (propriété de LVMH), de l’université de UC Davis qui banalise l’utilisation de l’osmose inverse ou encore de la maison de Nicolas Joly en Loire. Alice Feiring parsème le tout de ses histoires d’amour, dont les acteurs masculins sont tous affublés d’un surnom n’ayant rien à envier aux contes de Grimm. Avec un ton ludique et sans prétention, on y retrouve toute la série de vignerons talentueux, qui, aujourd’hui stars, constituent le fer de lance des vins authentiques, unique issue contre les super nationales du vin. Sans être exhaustif, le lecteur rencontrera Dard & Ribo, Aubert de Villaine, Philippe Pacalet, Jean-Louis Chave, Clape, les frères Foucault, Foillard,, Lapierre, Catherine Roussel ainsi que tous les acteurs américains ayant favorisé l’arrivée de ces vins aux Etats-Unis, à commencer par Becky Wassermann, Louis Dressner, Neil Rosenthal etc… Des noms et des visages que Jonathan Nossiter avait déjà portraiturés il y a quelques années dans son film Mondovino, mais que l’auteur connaissait déjà bien avant, soit depuis ses débuts en 1981.
Le lecteur restera un peu sur sa faim, et ce, malgré les rencontres et interviews téléphoniques qu’ Alice Feiring aura réussi à obtenir auprès de Robert Parker. On était en droit de s’attendre à une bataille, comme annoncée dans le titre, un peu plus épique et avec plus d’étincelle.
Sans faire de prosélytisme, avec son style vif et presque « parlé » Alice Feiring suit son goût propre et fait l’éloge de ceux qu’elle aime. Malheureusement, elle ne propose pas vraiment de solution quant à la « parkérisation » des goûts et semble se satisfaire du fait qu’il y aura d’autant plus de vins « authentiques » de disponibles qu’il y aura d’adeptes du fameux système de notation à 100 points. Dommage que la réflexion s’arrête aux portes du problème et que le rôle/la responsabilité du buveur, de bons et mauvais vins, ne soit pas plus mise en avant. La Bataille du vin et de l’Amour reste un excellent livre, dans lequel j’aurais eu l’immense plaisir de retrouver certains de mes
amis, comme Georges le Grec ou Benoît Valée.
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